Mohamed Merah et IVG, hypocrisie et Raison

Ce titre doit vous surprendre. Quel rapport entre Mohamed Merah (le tueur de Toulouse) et l’IVG. Je republie ce texte où un tueur a à nouveau sévi au musée juif de Belgique, tuant trois personnes et blessant grièvement une quatrième. Donc à propos de

Nul besoin de revenir sur les crimes commis par ce garçon en déroute, au nom de l’Islam auquel il ne connaissait sans doute pas grand chose. Placez des populations en situation de désespoir, il en sortira toujours quelques désespérés.
Ceux-ci trouveront facilement une forme pour organiser cette détresse et passer à l’acte. Extrémisme politique ou religieux, il ne leur faudra qu’une vague structure idéologique pour laisser s’exprimer la haine dans laquelle on les a laissés choir.

Deux pistes s’offrent donc à nous si l’on veut éviter que pareille tragédie se reproduise:
-tenter d’organiser nos structures sociales pour que plus personne n’ait l’impression d’en être exclu, relégué, interdit (vaste programme)
-et en attendant la mise en place du premier point, s’arranger pour que les organisations politiques et religieuses n’offrent pas de cadre mental pour transformer le désespoir en haine de l’autre et en volonté de le tuer.

Nous serons sans doute nombreux à être d’accord sur ces deux points. On pourrait même me rétorquer que cela va sans dire. Et pourtant…

Une forme d’hypocrisie règne sur ces questions. Tout d’abord la règle du deux poids deux mesure. On sait que les musulmans appartiennent massivement aux catégories populaires en occident. Ils sont généralement issus de l’immigration. Deux raisons pour être détestés par une partie de la population. Cette détestation prendra donc des formes qui feront tout pour ressembler à un combat laïc ou pour la défense des femmes.

Or voilà que des mouvements émergent à nouveau qui veulent s’en prendre au droit à l’avortement. On pensait cette question révolue et il n’en est rien. De quoi s’agit-il? D’un groupe qui, au nom de ses valeurs religieuses propres, désire imposer à l’ensemble de la société les règles qu’il pense justes pour lui-même. Car personne n’est forcé d’avorter.

Oh surprise, on trouvera là rassemblés, outre des milliers de marcheurs, des évêques, un imam néosalafiste, le grand rabbin s’étant fait excuser pour cause justement de massacre de Toulouse (aurait-il été présent sans cela?).
On trouvera également le mouvement “action pour la famille” défendu par des parlementaires du centre et de la droite.

L’argument est mince: “briser le tabou sur les conséquences psychologiques de l’avortement”. Argument qui consisterait à interdire l’accouchement parce qu’il provoque parfois le baby blues…

Cette manifestation a l’intérêt de mettre en lumière le véritable problème de la laïcité: protéger les convictions de chacun, ses traditions, ses pratiques mais empêcher qu’elles ne soient imposées à quiconque, quelque soit la religion ou l’idéologie en question. Elle montre surtout que la fracture idéologique n’est pas du tout où on voudrait la voir. L’alliance des dignitaires religieux et parfois politiques est ici très parlante.

D’autre part, l’humanisme nous force a regarder la réalité sociale en face. La situation de stigmatisation, de ségrégation et d’injustice vis à vis de certains groupes ne peut que faire apparaître des Mohamed Merah ou des Khaled Kelkal. Les statistiques du chômage en Belgique viennent de faire apparaître une hausse de 15,5% du chômage chez les étrangers non-européens alors que les autres taux ont plutôt tendance à baisser.

Combien de temps allons-nous détourner les yeux de notre miroir?

Que la Raison nous serve de guide.

 

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